Dernier jour à Hanoï pour moi. Demain je m'envole pour Saïgon, en faisant un petit détour par Bangkok en Thaïlande, histoire de sortir et re-rentrer au Vietnam, et ainsi repartir sur un nouveau visa de 3 mois.
J'ai fait un petit album photo Facebook pour l'occasion:
Hanoï noir & blanc (ou presque)
Ma semaine à Hanoï
La semaine ici était cool. Bon, pour tout vous dire, je me suis quand même un peu fait chier, j'attendais des papiers pour mon visa, j'étais un peu bloqué ici. Passer une semaine tout seul à Hanoï n'est pas forcément la chose la plus passionnante qui soit. Alors pour m'occuper, j'ai été contraint de faire mon touriste, j'avais vraiment rien de mieux à faire. Bon, dans le rôle du touriste, je suis pas super bon. Mais j'ai quand même fait des efforts, et j'ai visité des musées.
Musée d'Ethnographie du Vietnam par exemple, très sympa. Il est consacré à toutes les ethnies minoritaires du Vietnam, et Dieu sait qu'il y en a. Soixante-quatre au total, avec des langues et cultures différentes. Je vous laisse imaginer le bazar. Ils ont un parc autour du musée, dans lequel ils ont reconstruit plusieurs maisons typiques de différentes ethnies, et certaines sont impressionnantes.
J'ai aussi visité le musée des Femmes du Vietnam, qui est aussi super chouette. Consacré aux femmes qui ont fait l'histoire du pays, mais aussi au rôle de la femme dans la société, aux costumes traditionnels féminins, etc... Très belles photos tout du long.
Ce qui est bien, c'est que les musées sont en anglais ET français. On peut donc se reposer le cerveau pendant quelque temps et profiter de la langue maternelle :)
J'ai aussi été voir le Temple de la Littérature. Un endroit barbant au possible, des tortues en pierre, un bassin d'eau verdâtre, un joli jardin, et des touristes partout. Difficile d'échapper aux temples quand on suit les chemins touristiques, il faut bien y passer de temps en temps.
Je suis passé jeter un œil à la mosaïque murale d'Hanoï. Figurez vous qu'il s'agit de la plus grande mosaïque du monde, elle s'étend sur un mur de près de 4 km de long et presque un mètre de haut. Elle a été terminée en 2010 pour fêter les mille ans de la ville. C'est super joli, d'ailleurs c'est la photo de titre de cet article. Par contre, le mur en question est située le long d'un périphérique. Ça profite aux automobilistes, mais pour les piétons c'est pas le pied.
J'ai aussi fait un tour d'une journée avec un groupe, pour aller dans la province de Ninh Binh, un peu au sud de Hanoï. C'était super chouette. C'est une région assez plate, occupée de rizières, et hérissée de multiples "pain de sucre", c'est-à-dire des espèces de pythons rocheux quoi. On a fait du vélo dans les rizières, fait un tour de barque sur une petite rivière calme qui passait par des grottes. Et on a visité des temples (comme je vous ai dit, impossible d'y échapper).
Bien sur j'ai fait des photos, ce qui m'amène au sujet qui fâche. La météo. C'est brumeux tout le temps. J'ai eu droit à un jour de beau temps, dimanche lorsque je suis arrivé à Hanoï. Depuis, j'ai plus vu le soleil, c'est la grisaille tous les jours et il fait même froid. Du coup, les photos sont moches au possible. Mais bon, vous êtes pas en train de lire une brochure touristique, c'est la vraie vie là. Il faut faire avec.
Hanoï après Saïgon
Bien sur je ne peux pas m'empêcher de vouloir comparer Hanoï à Saïgon. C'est stupide car en à peine une semaine, je n'ai rien vu et rien compris de la ville. Mais bon l'esprit fonctionne comme ça, on voit toujours les choses comparativement à ce que l'on connaît déjà. Donc, comparons gaiement !
Tout d'abord, des chiffres bien sûr ! Hanoï, "la ville au-delà du fleuve", capitale du Vietnam, c'est 7 millions d'habitants. C'est la plus grosse ville du nord du pays. Saïgon, qui tire son nom du fleuve qui la traverse, poumon économique du Vietnam, c'est 12 millions, pas loin de 2 fois plus. Saïgon règne sur le sud du Vietnam.
Premier élément qui frappe donc, la météo. Ici on se croirait dans un autre pays. Imaginez vous qu'à Saïgon, j'ai vécu en shorts et claquettes pendant 3 mois, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Pour moi c'était uniquement ça le Vietnam. Et là, je débarque à Hanoï, il fait gris et froid, et tout le monde est habillé pour de bon. La panoplie complète: chaussettes, chaussures, moumoute d'hiver, écharpe, bonnet. Les gens ont les mains dans les poches, ils cherchent un peu de chaleur, ils ont froid que diable ! Mais le soleil refuse obstinément de se montrer, et tous les jours le ciel est uniformément gris, du matin au soir. C'est dur. Après le soleil aveuglant de Saïgon, le choc est brutal.
Pour se remonter le moral et se réchauffer, rien de tel qu'un bon café. Et là, pas de doute on est bien au Vietnam ! À tous les coins de rue on retrouve du monde occupé à boire le café et à papoter. Comme toujours, les gens sont assis sur ces minuscules tabourets en plastique, alignés le long du trottoir, partout où il y a un peu de place. Ces petits tabourets en plastique, c'est un peu le symbole du Vietnam, ils devraient figurer sur le drapeau. D'ailleurs la compagnie qui les fabrique a du faire fortune, il y a certainement autant de ces tabourets que d'habitants. Ça fait 90 millions quand même...
Côté repas, je suis des plus heureux ! J'étais impatient de goûter la "street-food" d’Hanoï, et je suis agréablement surpris. Car je ne pensais pas que ça serait aussi différent. Là encore, on pourrait presque se croire dans un autre pays. Les soupes de nouilles sont toujours omniprésentes, mais ici très souvent les bouillons sont faits avec de la tomate, et certainement des épices et herbes différentes, qui changent complètement la saveur. C'est vraiment super bon, mais le plus surprenant c'est de voir à quel point ces soupes là sont partout ici, alors qu'on ne les trouve nulle part dans le sud. Est-ce que ce sont les goûts des gens qui sont différents entre le nord et le sud ? Ou bien est-ce que ce sont les recettes qui ne voyagent pas ?
Le Hủ Tiếu, omniprésent à Saïgon, est quasi introuvable ici. Je ne l'ai croisé qu'une fois, j'ai bien sur testé immédiatement. Rien à voir, sous le même nom se cachait une recette complètement différente. Super bon d'ailleurs, mais très peu de bouillon, plus proche d'une salade que d'une soupe.
Autre différence, le poisson est beaucoup plus facile à trouver dans les soupes, alors qu'il est presque introuvable à Saïgon. Des petites bouchées de poisson frit, cuites à l'avance le matin probablement, et qui sont ajoutées à la soupe au moment du service. Du coup, poisson oblige, on trouve des herbes différentes dans son bol, et l'aneth est massivement utilisée. C'est trop bon !
J'ai eu aussi l'occasion de tester leur Cháo (porridge de riz), et là encore surprise, rien à voir. Ici leur porridge et hyper crémeux et onctueux, sans le moindre grain de riz. Du jamais vu dans le sud !
L'autre grosse différence, ce n'est pas dans le contenu du bol, mais dans l'organisation de ces petits restaurants de rue. À Saïgon, le chariot est roi. Même si les gens ont leur restaurant en bas de chez eux, leur "cuisine" est installée sur un chariot, et ils sont debout pour préparer le repas. Alors qu'ici, ils sont assis sur un petit tabouret, et ils ont leur petit plan de travail arrangé bien comme il faut, avec tout à portée de main. Ainsi, ils n'ont pas besoin de se lever, ils préparent le bol de soupe assis. Et si le resto est vraiment petit, il n'y a même pas de table. On mange direct sur le plan de travail, face à face avec la cuisinière. Finalement c'est plus intime :)
Lorsqu'on se balade dans Hanoï, on a aussi l'impression que la ville est un peu mieux pensée. Par exemple, il y a un joli lac avec une large promenade aménagée autour, pour le bonheur des piétons. Tout le vieux quartier est agréable pour se balader à pied. D'ailleurs, dans l'ensemble on croise pas mal de piétons à Hanoï. En fait, on a l'impression qu'il y a quand même des gens qui pensent le développement de la ville. Alors qu'à Saïgon, on a vraiment le sentiment que la ville est en roue libre, et se développe en dehors de tout contrôle, au gré des projets immobiliers, des fantaisies des investisseurs. C'est le bordel complet quoi. Hanoï semble un peu plus disciplinée, réfléchie.
Hanoï est aussi beaucoup plus touristique. Tout le vieux quartier est plus ou moins dédié au tourisme, et on y trouve plein d'occasions de shopping sympa, des tableaux et peintures, des vêtements provenant des divers groupes ethniques, de bibelots, plein plein plein de choses. En comparaison, le quartier touristique à Saïgon se résume à... une rue. Qui n'a pas vraiment de charme. Et autour, et bien ma fois c'est la vraie ville, ce n'est pas un cocon à touriste comme à Hanoï.
Hanoï m'a aussi semblé beaucoup plus calme que Saïgon. Moins de trafic, moins de bruit, moins de scooters (plus de voitures). Il y a du monde, mais ça semble être moins surpeuplé. Par contre, les gens semblent moins avenants, mais peut-être parce que c'est l'hiver et la grisaille, ça rend tout le monde un peu renfrogné. Et puis la ville semble plus pauvre aussi. Mais c'est difficile à estimer.
Au final, qu'est ce que je préfère ? J'ai hâte de retourner à Saïgon ! Son effervescence, sa chaleur parfois insupportable, le vacarme incessant, la pollution, le chaos des rues aux heures de pointe. Cette ébullition continuelle, c'est quitte ou double, soit on adore soit on déteste. Moi j'adore. "Saïgon is a comfy mess" (un désordre confortable), ce sont les meilleurs mots que j'ai entendu pour décrire la ville.
Voilà, je vous embrasse et je vous laisse à votre ville ou village respectif, l'avion pour Bangkok décolle dans 10 minutes ! Bises !